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SUR PIERRE DE L'ESTOILE. 11
ville, il se transportoit sur les lieux pour en avoir le détail ; il assistoit aux cérémonies, même aux exécu-tions ; il alloit entendre les sermons des prédicateurs renommés ou par leur talent ou par la véhémence de leurs opinions, et en faisoit l'analyse en rentrant chez lui. Il aimoit la littérature, étoit lié avec beau-coup d'hommes qui la cultivoient, et qui étoient comme lui amateurs des nouveautés; il connoissoit tous les imprimeurs, tous les libraires, et se procuroit des premiers tous les ouvrages, toutes les portraitures qui paroissoient; il achetoit tous les édits, tous les arrêts, toutes les fadezes que l'on crioit dans les rues. S'il ne pouvoit acheter un livre rare, il l'empruntoit et en faisoit des extraits. Il avoit ainsi réuni près de quatre mille pièces relatives aux affaires du temps, ll avoit en outre le goût des curiosités ; il s'étoit formé un cabinet qui contenoit des objets assez rares : il plaisante souvent dans ses Mémoires sur sa manie d'acheter des médailles sans s'y connoître. «J'ai vendu à un curieux, a id est à un fol comme moy, dit-il, de vieilles mé-« dailles de bronze qu'on tenoit pour antiques ( car o de moy je confesse que je n'y connois rien du tout; « il n'y a que l'opinion en cela ). » Mais il n'en cédoit pas moins à sa manie ; et lorsqu'il manquoit d'argent pour faire de nouvelles empiètes, il vendoit une partie de ses collections.
En se livrant ainsi à des goûts futiles et dispendieux , il avoit négligé ses affaires et dérangé sa fortune ; il s'étoit défait de sa charge d'audiencier en 1601, et avoit été obligé de soutenir un long procès pour en toucher le prix, dont il avoit perdu une partie. D'autres procès avoient troublé sa tranquillité et augmenté sa
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